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Retour de Masterclass de Franck Lopvet

Franck Lopvet, thérapeute clairvoyant, homme simple rempli de blessures, qui répond en miroir des personnes présentes dans le petit théâtre qui nous accueille pendant deux jours pour la « Masterclass ». Franck Lopvet met à l’aise la centaine de personne présente en usant de son humour quelque peu noir. Puis nous propose de jouer cartes sur table, de jouer franc jeu et alors il fait la demande suivante : “levez la main les personnes qui ont été abusées sexuellement”. un silence dans le théâtre se fait puis les trois quarts de la salle lève la main. Il demande ensuite : “levez la main les personnes qui ont été proche de la mort”. Idem pour les trois quarts de la salle. Puis il demande enfin : “levez la main les personnes qui n’arrivent pas à se remettre de la mort d’un proche”. les trois quarts de la salle lève la main…


Les masques tombent et ça donne le ton pour les deux jours qui viennent et permet en effet de se rendre compte que nous sommes évidemment tous égaux dans les luttes intérieures que nous vivons au quotidien.  Franck propose de répondre à nos questions. Différentes femmes ont posé des questions au sujet de leurs lignées maternelles, puis une femme pose une question au sujet de son fils et de son inquiétude de lui avoir transmis ses peurs. Comment doit-elle gérer sa part de responsabilité dans tout ça? Comment gérer ses peurs ? Franck répond à cette femme que son fils a copié sa structure inconsciente et que d’une manière ou d’une autre ça lui est utile. Il lui dit qu’elle se sert de ses enfants pour ne pas vivre sa vie.


Je cite Franck : « une peur ne se gère pas, tu la prends dans la gueule et puis c’est tout, t’as peur, t’as peur. Tu te sers de ça pour ne pas t’occuper de ta vie de femme. Il est beaucoup de gens qui s’occupent de la structure de la grand-mère, de la tante et de toute la famille ou des enfants pour simplement ne pas avoir à regarder un truc tout simple : comment je pourrais dépasser ma peur de ne pas être prise tel que je suis ? Comment je pourrais dépasser ma peur de me retrouver à nouveau nue devant un homme ? comment je pourrais dépasser ma peur qui me permettrait d’enfin accepter de m’abandonner de nouveau dans les bras de l’autre et arrêter de « gérer ma vie » pour « qu’on ne me fasse pas de mal ».

Je suis face à des femmes qui passent leurs temps à gérer leur vie de façon à ne pas avoir de bobo et c’est bien ! Vous vous démerdez super bien ! Vous n’avez tellement pas « mal » que vous n’avez pas « bien ». Il n’y a tellement pas de souffrance que comme ça il n’y a pas de jouissance. Très bien ! Tout est bien verrouillé, bien sous contrôle et normalement dans cette belle ligne droite plus jamais personne ne vous mettra une bite dans la bouche. Soyez tranquille, partez en paix ! » (rire dans la salle de théâtre).

femme sur un banc de dos regardant la nuit lumineuse

Une autre personne parle de ses soucis avec ses voisins, Franck lui répond que c’est un problème de territoire : « en fait, t’es un mec qui croit qu’il est aimé lorsqu’il se fait piétiner, donc tu cherches inconsciemment à te faire déborder et envahir parce que c’est une preuve d’amour pour l’autre. Tu es quelqu’un qui a grandi dans l’espace d’une femme envahissante. Ton système a enregistré que ta façon d’aimer c’était de laisser de l’espace pour que l’autre te mange. Il y a un désir d’être mangé. Pour toi en fait le seul moyen d’être comestible c’est de dire à l’autre « vas-y tu peux me bouffer » et c’est un doute à propos de ta capacité de séduire au fond. Donc ta façon de séduire les voisins qui étaient des nouveaux arrivants c’est de leur dire « ben si tu veux pour que je te plaise et pour que tu m’aimes tu peux venir chier sur la table de mon salon » et c’est ça qui pose problème.


Toi tu crois que dès que tu poses ton territoire tu blesses l’autre, parce qu’en fait tu as grandi dans le chantage affectif. Dès que tu dis « non ici c’est chez moi » l’autre il dit « oinnn tu me fais de la peine, tu me rejettes » et toi « bon ok j’enlève ma barrière, tu peux m’envahir ». Donc l’idée c’est que non seulement tu es tout le temps envahi et que tu es habité par la peur de blesser. Quand on vit avec la peur de blesser, on se sent tout le temps blessé. Parce qu’on ne peut pas blesser les autres, on ne peut blesser que quelqu’un qui souhaite absolument être blessé… pour obtenir sa preuve que les gens sont blessants.

Ton père tu ne peux pas l’aimer parce qu’il est lâche et mou. Ça veut dire quoi ? Il aurait dû sortir et aller à l’école aboyer contre des gens qui te faisaient des bobos ? Il aurait dû aboyer pour dire à maman « arrêtes tu l’étouffes » ? Est-ce que derrière le papa mou, le papa lâche, il n’y a pas simplement un homme qui sait aussi fermer sa gueule de temps en temps et ne pas se battre ? Est-ce qu’il n’y a pas simplement un homme qui n’a pas envie de jouer au bras de fer ? Et est-ce qu’il n’y a pas un homme qui n’a pas envie de jouer à qui pisse le plus loin avec sa femme ? Et cet homme qui est parti, il est immédiatement catégorisé de lâche, pourquoi ? Parce qu’en fait qui t’enseigne qui il était ? Ceux qui sont restés ! Donc tout ce que tu connais de ton père c’est par les femmes blessées et délaissées. Mais toi tu as vraiment besoin de renouer avec la force de ton père. Tu sais la force que ça demande de savoir partir ? Tu crois que c’est aisé un moment donné dans la vie de se dire :« j’ai une famille et en fait je suis en train de crever ».

Tout ça est polarisé, une fuite est en même temps un engagement. J’ai remarqué un truc David, il y a des papas qui sont tellement aimants au fond que le seul moyen qu’ils ont de protéger leur fils des coups qu’ils vont leur mettre c’est de ne pas être là. Peut-être que le courage de ton père c’est de regarder en face qu’il allait te massacrer parce qu’il avait grandi comme ça et ne connaissait que ça. Et que le plus bel élan d’amour pour toi c’était de pas être là ».


Franck Lopvet regarde alors toute la salle et dit : – Et vous savez les filles, il y en a qui s’en vont quand vous avez 11 ans parce qu’ils savent que quand vos seins seront sortis ils ne pourront pas ne pas les regarder mais ils ne le savent pas consciemment. Ils s’en vont parce qu’ils savent que le meilleur moyen d’aimer leur fille c’est de surtout ne pas être là. Tout est polarisé sur cette planète, vous n’obtiendrez pas la preuve du bien et du mal ».


Franck répond ensuite à une autre personne qui peine à avoir un enfant en lisant sa structure :

« Je voudrais être maman mais je me mets plus ou moins consciemment dans des relations assez baltringues pour être sûre que je n’en n’ai pas ». L’énergie sous-jacente c’est « je ne veux pas d’homme, je veux accoucher d’un orphelin, je veux un enfant, pas une famille, je veux un objet pas une famille, je veux le fils parfait qui m’aimera tel que je suis ».

L’idée est que tu vas gagner ta guerre en la perdant. Là pour le moment tu gagnes à chaque guerre avec tes hommes. Félicitations ! T’es la plus forte ! t’es la meilleure, t’as découvert ce qui ne tournait pas rond chez eux, t’as gagné tes guerres. Et un jour tu pleureras de gagner tes guerres, un jour t’en pourras plus de gagner tes guerres. Choisir un humain sur sept milliards pour faire un bras de fer avec… Perds ta guerre, abandonne-toi, perds, oublies. Sois sainte, mère, pute, chienne, amie, amante, complète, sois toi, mais perds ta bataille, c’est quoi le risque ? Quand je parlais à Pascal hier et que je lui disais : « Pascal, va au contact, qu’est-ce qu’ils vont te faire ? » Tu peux tenir debout avec dix couteaux dans le cœur. Qu’est-ce que c’est que ces histoires ? On n’est pas dans Walt Disney, on est des êtres humains. On a vécu des trucs qui dépassent l’entendement et nous en fait à l’idée d’être bousculé par celui qu’on appelle son amour… »


Il nous raconte ensuite l’histoire d’un garçon de 11 ans qui répare le sèche-cheveux de sa grand-mère. Elle, admirative dira à qui veut l’entendre et surtout à son petit-fils qu’il est bon pour les nouvelles technologies. Cela va créer une injonction qui fera de lui quelqu’un de doué pour l’informatique et en fera son métier. De même, lorsque, adolescent il se fait rejeter par une fille dont il était tombé amoureux, il va créer une deuxième injonction qui est « je ne peux pas satisfaire les femmes » et il ne pourra s’empêcher de décevoir sa femme parce que c’est une injonction qui est tombée lorsqu’il était plus jeune. Franck explique plus tard que les injonctions nous les avons choisis pour tracer notre vie, qu’elles soient positives ou négatives, nous ne les choisissons pas par hasard mais nous pouvons nous en libérer.


Cela me fait penser à cette femme qui ne se remet pas d’avoir été abusé par son père, et elle se réveille chaque matin avec la boule au ventre qu’il arrive un jour à sa fille ce qui lui est arrivée à elle. Cette injonction de victime lui pourri la vie, mais il est de fait que cette injonction n’est pas un hasard dans l’incarnation qu’elle a choisi.


A la pause déjeuner je me rends dans un des restaurants d’à côté, c’est une chaîne de restaurant très connu. Une employée m’accueille comme si elle était la présidente de la chaîne. Elle gigotte d’un pied ferme dans tous les sens avant de s’occuper de moi. J’ai enfin l’occasion de demander une table. Elle va et gigotte encore jusqu’au fond de la salle voir s’il y a une table de disponible. Avant de revenir elle sert de l’eau directement dans les verres d’un couple, va vers une penderie pour faire je ne sais quoi, puis revient enfin vers moi, entre temps l’agacement me prend. Cette femme est le genre de personne à contrôler la quantité de nourriture qui entre dans la bouche des clients du restaurant. Elle me guide vers une table avec un air autoritaire en me disant que cette table ne va pas me plaire car elle est reculée dans un coin, je lui réponds que je ne viens pas pour la décoration mais pour manger. Je m’installe enfin, déprimée de mes croyances profondes remises en cause depuis la veille.


Ce deuxième jour a été le coup de grâce avec tout ce qu’a été dit dans ce petit théâtre parisien, je sais que ma vie ne sera plus jamais la même, et dans un sens c’est préférable parce que je sentais parfois être à la limite du burn-out… Je mange du bout des lèvres. Au cours du repas la femme vient me voir d’un pas précipité pour me servir de l’eau, une première pour moi, digne d’un restaurant gastronomique… Puis je me rends compte, que ce que je vois chez elle c’est tout simplement moi… Du coup mon animosité envers elle redescend d’un coup et j’ai de la compassion pour cette femme, parce que sa tentative de contrôler son environnement je l’ai aussi. Mea culpa.


Ça reprend tout ce qui a été dit par Franck depuis la veille. Nous percevons uniquement ce qui résonne en nous, ça ne peut être autrement. Une fois enlevé la première couche de jugement nauséabonde, une fois la raison comprise d’un comportement, le miroir se révèle enfin. Et alors l’orgueil en prend un coup. Nous ne sommes pas meilleurs que l’autre, l’autre c’est nous. Nous ne percevons que nous, tout au long de notre vie.


L’après-midi continue et Franck Lopvet bouge encore et encore nos structures, je me libère par des larmes sur des choses auxquels je n’avais même pas conscience. Parfois mon corps se sent mal, à la limite de tirer au cœur ou de s’évanouir. Un jeune homme pose une question sur le pardon, Franck lui demande de qui il parle, il répond « de mon frère ». Franck lui demande alors de répéter après lui « j’ai libéré Mathieu », plusieurs fois il le lui demande, le jeune homme est en pleurs, moi aussi.


Mathieu n’était pas mon frère, je ne l’ai pas tué par accident, je ne l’ai pas “libéré”. Mais l’énergie sous-jacente à cette histoire libère en moi un torrent d’émotion. Je ne saurais pas le mot de la fin, peu importe. Ce garçon, avec sa souffrance étouffante à toute ma compassion.


J’ai toute compassion pour cette humanité, pour mon humanité !



Elodie O'rourke






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